La procession du dragon / A.T.
La procession du dragon,
vu par le photographe A.T.
Une fois l’an dans les premiers jour du mois de mai, notre « Tout-Saïgon » se transporte en masse à Cholon pour assister à la procession rituelle du Dragon, qui se déroule de pagode en pagode , à travers les rues populeuses de la ville.
La procession du Dragon, c’est la véritable fête de la soie, de la belle soie chinoise éclatant de tons clairs au grand soleil du Nâm-Ky : soie rutilantes des étendards et des bannières qui flottent au vent, et étalent orgueilleusement, en larges caractères brodées les noms et devises de leur congrégations respectives.
Mais le véritable clou de la fête est incontestablement formé par le groupe d’adorable bébés chinois qui figurent au cortège.
Tout en queue de la procession s’avance enfin le héros de cet grande liesse populaire, le fantastique dragon des légendes chinoises. Son corps, dont la longueur dépasse trente bons mètres, fait d’une ossature en rotins et en bambous recourbés, que dissimulent de larges bandes de soie écarlate et des paillettes étincelantes, est porté par une vingtaine de gaillards bien râblés qui y disparaissent jusqu’à mi-cuisses.
Ils ont pour mission de donner au monstre, par des mouvements savamment rythmés, les apparences de la vie, les souples ondulations de la bête qui rampe ;
Tandis que la tête, terrifiante et grotesque, dans laquelle s’est caché le virtuose de la troupe, s’agite et se démène en grands bonds désordonnés, s’abaisse et se relève, pour s’abaisser encore, et s’incliner enfin jusqu’à terre en grands « lays » rituels devant M. le Maire et la foule pressée des badauds qui l’entourent.
D’après « Ma chère Cochinchine, trente années d’impression et de souvenirs »
George Durrwell.