À partir du 1er décembre, Cartacaro vous invite à vivre une expérience unique pour patienter jusqu’à Noël : le Calendrier Cartophile de l’Avent 2024. Cette année, partez à la découverte de trésor visuel de la péninsule indochinoise.
Dieulefils - Album Photo
Pierre Dieulefils voit le jour à Malestroit (Morbihan) en 1862, dernier-né d’une famille de cinq enfants. Son père, commerçant dans le village, meurt quand il est âgé de cinq ans. Après une
scolarité sans histoire, il travaille quelque temps dans une mercerie, mais cet emploi ne comble pas son besoin d’action et d’aventure et il s’engage dans l’armée en 1883.
Incorporé à Vannes au 24 régiment d’artillerie, il est nommé brigadier fourrier un an plus tard. En 1885, il se porte volontaire pour partir au Tonkin, dans le corps expéditionnaire chargé d’assurer la « pacification » du pays, et devient donc à la fois acteur et témoin de l’entreprise coloniale française au nord de l’actuel Viet Nam.
Par le traité de Tien-Tsin, signé en 1885, la Chine reconnaît le protectorat français sur l’Annam et le Tonkin, mais la résistance intérieure à l’occupant demeure très forte.
C’est lors de sa participation, en 1887, au siège de Ba Dinh, place forte de la rébellion, que Dieulefils prend ses premières photographies et commence à se passionner pour cet art.
Il est nommé au grade de maréchal des logis-chef. De retour à Malestroit, la même année, en permission libérable, il se fiance avec une voisine, Marie Glais (ca 1864 -1955), mais l’armée, à cette époque, exerce encore un contrôle matrimonial : elle n’autorise un sous-officier à se marier que si la future épouse dispose d’une dot ou d’un revenu suffisant. Ce n’est pas le cas de Marie, issue d’un milieu modeste, aussi Dieulefils décide-t-il de mettre fin à sa carrière militaire.
Il retourne néanmoins au Tonkin : cette région le fascine et, dans le contexte de l’expansion coloniale française en Asie du Sud-Est, donne toutes leurs chances de réussite rapide à des personnalités entreprenantes. Il s’installe à Hanoï, qui connaît à cette époque des transformations spectaculaires, et y ouvre, en 1888, un magasin de photographie .
Dieulefils apparaît comme l’un des premiers photographes professionnels d’origine européenne établi au Tonkin.
Son activité est à la fois celle d’un opérateur de prises de vue, voyageant à travers tout le pays pour moissonner des images, celle d’un technicien de studio assurant le développement des clichés et le tirage d’épreuves positives, et celle d’un commerçant de détail, proposant un large choix d’articles : plaques négatives, papiers sensibles, produits, appareils et matériels.
Source : Thierry Vincent, Bruno Martin